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2016-10-18T01:09:37+02:00

Quand votre mamie est partie, moi j'ai perdu ma mère.

Publié par your-mother-s-life

Pour vous, ce sera un vague souvenir, pour moi un vide annoncé. Le 10 septembre 16, ma maman s'en est allée, et comme on pourra pas trop en parler quand cela vous arrivera, voici ce que j'ai écris sur papier pour vous laisser une trace d'une personne que vous aurez peu connu, mais qui comptait énormément pour moi, comme un jour je compterai j'espère énormément pour vous.

 

' Il a fallu que je te remette tes lunettes et tes cheveux en place.

Mais tu n'étais plus là dans ce corps froid, Tu en avais marre de souffrir et zou tu es partie.

 

Tu es partie comme tu as vécu, comme tu l'as voulu dans le contexte de ce foutu cancer.

Tu savais qu'il n'était pas comme les autres, tu me l'as dit.

Tu savais comment cela allait finir, tu l'as compris.

Alors jusqu'au bout, tu lui as tenu tête, tu as fait ta check-list dans ta tête : une maison de plein pied pour les genoux de papa, une petite vieille pour le raser, tenir bon tant que la qualité de vie était là. Et puis mourir dans ton lit quand tu n'en pourras plus. Çà semble anodin, mais il a fallu que tu endures les conséquences de tes chutes en envoyant balader les urgences pour ne pas rester hospitaliser. Il a fallu que tu dises, que tu hurles plutôt que non, fuck tu ne feras pas hospitaliser pour enlever la douleur plus facilement.

Non, ton mot privilège des années surdité pour, refuser le temps de comprendre, ce que tu n'aurais pas voulu faire. Avant de te rétracter si en fait, la proposition te plaisait ;-)! Ah maman je t'aime.

Tu as fait comme tu as dit, tu n'as pas traîné, et je remercie ton médecin pour avoir respecté ta volonté. Le patch de morphine pour faire passer la douleur t'a apaisé et en paix tu as pu t'endormir. Le dernier râle de vie avant de quitter ce monde.

Les soins palliatifs durent de 0 à 3 mois. Tu as accepté 3 jours. On a oublié de leur dire que tu n'aimais pas attendre.

Et on a fait comme tu as dit : cramer les bestioles avant qu'ils ne bouffent ton corps. Tu es près de ton palmier, parmi les roses, ton écureuil et ton phoque. La cérémonie ? Si rapide que je me demande si tu n'as pas laissé un mot pour que le corbillard ne sème pas tout le monde sous la pluie. En une demi-heure, tout était fini, en incluant les 15 minutes de trajet sous la pluie. Oui parce que dans le sud, il ne pleut jamais, sauf quand ma mère meure. Parce que la nature pleure ton départ maman. Qui a pris soin des oiseaux, recueilli les bêtes que personne ne voulait, élevé plus d'enfants que tu n'en as porté, agi à tous les jours en aimant la vie et le bien? Alors, tu m'étonnes qu'il chiale le ciel et qu'on a du mal à s'en remettre. On a l'impression qu'à tout moment, tu vas ouvrir la porte et nous lancer un ´ vous en faites une tête d'enterrement, quelqu'un est mort? ´.

 

Bien sûr, tu me disais ´  je m'inquiète pas pour toi ma chérie ´,  tu es exactement la fille que je voulais, je n’aurai pas supporté une fille ´fille ´ ´. Maman, 5 frères. Moi, 3.

Ce qui fait que tu n'as pas à t’inquiéter, c'est que je sais que tu es partie sans regrets, avec le sentiment d'avoir bien rempli ta vie. Tu as connu des hauts et des bas, mais tu as vécu heureuse la majorité du temps, avec l'homme de ta vie et les enfants que tu voulais.

 

Je suis reconnaissante que tu aies pu botté les fesses du crabe à 3 reprises, ça nous a permis de t'avoir à nos côtés tellement plus longtemps. Beaucoup d'enfants et de parents n'ont pas cette chance. Alors merci. Tu as pu connaitre tes petits enfants. Bien sûr, L-A et E ne sauront jamais à quel point tu étais géniale, parce que la maladie t'avait déjà usé, mais je tenterai de leur dire. De leur raconter nos anecdotes et celles de ta vie avant nous, avant elles.

La fois où tu m'as rattrapé jusqu'au fond du terrain en un sprint impressionnant pour me retirer un sparadrap. Celle où tu as séché enfant le catéchisme pour faire un foot avec des gars, en cavalant pour ne pas que le curé ne te rattrape. La joie que tu as exprimé à l'annonce du bac. La peine quand Bunny s'est fait tuer par les quatre dents. Les aller retours pour prendre soin d'une mère aussi Juste que violente. Les déposes à Carrefour rayon livres et l'achat du martinet que j'étais si fière d'avoir trouvé que j'ai couru à ta caisse en criant ma trouvaille. On ne pourrait pas le refaire aujourd'hui, t'aurai reçu une plainte. Alors que c'était précurseur aux médiathèques pour les livres, et que les martinets finissaient tous dans la doublure du canapé, sans que tu nous en tiennes rigueur.

 

J'ai adoré nos discussions, ton franc parler, ton empathie. Tes explications sur le cycle de la vie pour me convaincre de rendre le gourdin qui assommait les lapins. La façon dont tu répliquais à la mère qui se plaignait pour les testicules de son fils qui avaient malencontreusement rencontré mon pied gauche, tout en ayant une sérieuse discussion pour que je contrôle ce petit problème d'impulsivité et que je mesure la douleur que l'on peut donner d'un simple coup de pied. L'insistance dont tu as fait preuve pour que je puisse apprendre la batterie et non le piano parce que ´ cela va mieux aux petites filles le piano ´. Ton interrogatoire pour le V-Trex (enfin un peu plus tard), ton accord pour le permis moto jusqu'à la lecture derrière mon épaule de mon découvert qui allait le décaler de quelques années. La tête que tu as fait quand le départ aux Etats-Unis s'est confirmé, la tristesse que tu cachais dans tes remarques. La répétition pour l'Espagne. La visite à Cadix, nos années carrouf, ta tête avec le croque mort qui m’avait ramené en corbillard, les auto-stoppeurs hollandais hébergés pour la nuit sans les connaître, ... Et bien plus encore.

 

On pourrait écrire un livre de ta vie, mais ce n'est pas la peine. Ce livre-là, il est en nous. Chacune des personnes qui a eu la chance de te rencontrer pourrait en raconter un chapitre. Mais quel délice de pouvoir le garder pour soi. Merci maman pour les leçons de vie et la force que tu as pu nous transmettre. Et continues, où que tu sois de leur en faire voir de toutes les couleurs, il ne mesure pas la chance qu'ils ont de t'avoir parmi eux.'

 

Voilà mes chéries, j'ai été et suis encore très triste mais ce qui a rassuré ma maman, c'est de savoir que ses enfants étaient heureux et menaient une belle vie. Alors si un jour, enfin le jour où je partirai, sachez que ce sera la même pour moi : savoir que vous êtes heureuses, que vous saurez croquer la vie à pleines dents, me permettra de partir rassurée et en paix. Bien sûr, il y aura toujours des hauts et des bas. Et perdre une maman, c'est pas mal triste. Pleurer, c'est normal (et pour reprendre une citation de votre mamie 'comme ça, ' vous pisserez moins au lit '). Mais le temps fera son œuvre, et l'important sera de faire honneur à votre maman en ayant une vie qui vous fait vous sentir bien. Je vous aime.

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commentaires
C
Mes sinceres condoleances Betty. Tres beau texte. Merci pour ce partage. Je t'embrasse
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B
Merci Cécile.

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